Les clauses miroirs jugées prioritaires par les agriculteurs et les citoyens
La Fondation pour la nature et l’homme appelle l’Union européenne « à faire des mesures miroirs une priorité absolue en matière d’agriculture ». Elle s’appuie sur les résultats d’un sondage exclusif pour démontrer les attentes des citoyens et des agriculteurs dans la mise en œuvre de clauses d’équité des normes dans le cadre des accords de libre-échange.
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« C’est toute notre manière de commercer qui doit radicalement changer pour passer d’un libre-échange débridé à un juste-échange gagnant-gagnant pour la planète, la santé et les agriculteurs », estime Thomas Uthayakumar, directeur des programmes et du plaidoyer de la Fondation pour la nature et l’homme (FNH). Les clauses miroirs mises en œuvre dans les accords de libre-échange sont un levier essentiel pour y parvenir, selon la FNH qui a commandé un sondage à l’institut Odoxa sur ce sujet.
Les clauses miroirs prévues dans les accords de libre-échange visent à interdire l’importation de produits agricoles qui ne respectent pas les normes européennes. Elles permettent de protéger le secteur agricole et alimentaire d’une concurrence déloyale.
La Fondation pour la nature et l’homme appelle l’Union européenne à « renoncer à la dérégulation environnementale en cours ». Elle demande, en premier lieu, de faire une croix sur l’accord commercial avec le Mercosur sur lequel les États membres devront se prononcer les 18 et 19 décembre 2025 à Bruxelles.
82 % des agriculteurs prêts à réduire les phytos
Selon le sondage Odoxa diffusé le 8 décembre 2025, « l’usage des engrais et des pesticides préoccupe 81 % des agriculteurs » et « 82 % d’entre eux seraient prêts à les réduire si les mesures miroirs étaient mises en œuvre ». Ce souhait est partagé par 93 % des Français, selon ce même sondage réalisé sur un échantillon représentatif de 1 001 Français et de 310 agriculteurs en système conventionnel (1). Voici quelques chiffres tirés de ce sondage au sujet des clauses miroirs :
- Une fois la définition des clauses miroirs précisée à tous les sondés, 90 % des agriculteurs et 93 % des Français les jugent importantes, et respectivement 54 % et 55 % les jugent prioritaires.
- Si des mesures miroirs étaient mises en place, 82 % des agriculteurs seraient davantage disposés à réduire l’usage de produits phytosanitaires, un tiers d’entre eux en sont même « certains ».
- Les agriculteurs estiment que les clauses miroirs seraient positives à plusieurs égards : elles permettraient d’améliorer la santé (83 %), favoriseraient l’achat de produits français (81 %), renforceraient la compétitivité (81 %), préserveraient l’environnement (80 %), permettraient de mieux rémunérer les agriculteurs (77 %) et encourageraient l’installation d’agriculteurs (75 %).
- 51 % des agriculteurs sont d’accord pour dire que « le manque d’engagement des responsables politiques » bloque la mise en œuvre des clauses miroirs, 47 % que « la faible considération pour le monde agricole » est en cause, 37 % identifient « le risque d’augmentation des prix pour les consommateurs » et 35 % « la crainte de représailles commerciales ».
L’environnement préoccupe les agriculteurs plus que la transmission
D’après ce sondage, la santé liée à l’usage des phytos serait une préoccupation pour 81 % des agriculteurs. Près de la moitié la juge même « très importante ». La baisse des rendements agricoles liée aux changements climatiques est aussi une préoccupation pour 85 % d’entre eux.
Selon la FNH, ces deux enjeux environnementaux viennent se « hisser au rang des principaux facteurs de tension du métier », juste après les normes et contraintes administratives (90 %), la charge mentale (89 %) et la viabilité économique (87 %). Et devant d’autres enjeux du secteur agricole tels que la transmission des exploitations (78 %) ou le manque de main-d’œuvre (74 %).
Plus de 8 agriculteurs sur 10 estiment faire des efforts
L’institut de sondage indique que 87 % des agriculteurs, et la même proportion de Français, considèrent comme importante la responsabilité des agriculteurs sur la santé des consommateurs. Plus de 8 agriculteurs sur 10 estiment qu’ils font des efforts pour la santé des consommateurs, mais la moitié d’entre eux se sentent limités par leurs impératifs économiques. Enfin, 45 % des agriculteurs estiment ne pas être suffisamment accompagnés pour faire évoluer leurs pratiques vers l’agroécologie. Il s’agit d’un autre verrou qu’il reste à débloquer, selon la FNH, qui agit pour voir la santé et l’environnement au cœur des politiques agricoles.
(1) L’enquête a été réalisée par Internet du 21 octobre 2025 au 3 novembre 2025.
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